Le déconfinement peut s’appuyer sur la profession infirmière !

Les infirmiers ont été en première ligne lors des premières semaines de l’épidémie, ils le sont et le seront d’autant plus dans cette nouvelle période annoncée du "déconfinement progressif" à compter du 11 mai prochain, à la fois dans le cadre hospitalier et au domicile des patients. Fort de cette expérience, l’Ordre National des Infirmiers partage ici ses recommandations pour un déconfinement efficace.

tunnel sortie

Bénéficiant d’une présence dans tous les territoires, y compris les plus reculés, la profession infirmière doit pouvoir prendre pleinement part au dépistage du Covid19 annoncé par le Gouvernement. Dans ce cadre, l'Ordre national des infirmiers (ONI) recommande que :

- les infirmiers libéraux puissent prescrire, à compter du 11 mai, des tests de dépistage du Covid19 s’ils constatent des symptômes cliniques chez leurs patients lors des visites à domicile;

- l’infirmier puisse réaliser directement ces tests, afin d’éviter au patient de se rendre chez le médecin, au laboratoire, voire à l’hôpital.

L'ONI rappelle que la majorité des cas de Covid19 sont traités "en ville" (85% des personnes contaminées ne sont pas suivies à l’hôpital) et que les soignants qui exercent en dehors des établissements de santé assurent le suivi des patients atteints à leur sortie de l’hôpital. De fait, il parait indispensable d’imaginer des solutions très concrètes pour limiter au maximum la circulation du virus et les contaminations parmi ceux qui seront déconfinés, notamment grâce à des dispositifs de ville, pilotés par les Maires. L'ONI suggère ainsi plusieurs pistes :

- inscrire le Covid19 dans les maladies à déclaration obligatoire, pour identifier plus rapidement les foyers de contamination, favoriser un isolement rapide et efficace des patients contaminés et améliorer la prévention ;

- permettre aux infirmiers de déclencher sans prescription médicale la mise en oeuvre du télésoin infirmier pour le suivi des patients Covid+ et accélérer la publication du décret d’application (suspendue par la crise actuelle), pour permettre à tous les patients de pouvoir bénéficier du télésoin sur les maladies chroniques ;

- donner aux infirmiers un rôle de premier plan dans le suivi des personnes contaminées isolées dans des hôtels pour éviter les foyers familiaux : présence d’une équipe infirmière assurer le soutien psychologique et la coordination avec le médecin et le kiné. Il conviendrait de faire appel à des infirmiers libéraux qui se relayent toutes les 8 heures ;

garantir la fourniture de protections pour les soignants, les patients et le grand public (masques mais aussi surblouses, lunettes...) dans la lutte contre la transmission du virus entre soignants et patients.

L'Ordre milite également pour un plan de continuité et de reprise des soins pour les patients chroniques et les enfants. Devant la baisse de plus de 40% des consultations chez les médecins généralistes (en dépit de l’essor de la téléconsultation), la chute dramatique des dépistages de cancer et de leur suivi et un grand nombre de suivis infirmiers annulés, l'ONI appelle les pouvoirs publics à la mise en oeuvre d’un plan de continuité de reprise des soins pour les patients non covid, à commencer par les patients chroniques.  En raison de la difficulté d’accès aux soins, le manque de suivi, voire le renoncement à ceux-ci sont à craindre aussi pour certains enfants, notamment pour ce qui concerne la vaccination. L'Ordre préconise de dupliquer l’expérimentation menée à Mayotte qui permet aux infirmiers en puériculture de déclencher, sans prescription, téléconsultation et vaccination. Il faut aussi s'appuyer sur eux pour le diagnostic précoce et l'aide à l'orientation des patients vers un médecin qui sera à même de prendre en charge certaines pathologies spécifiques.

Enfin, le Premier ministre Edouard Philippe l'a dit, le déconfinement sera "très progressif". Se pose alors la question de toutes les personnes qui ne pourront pas être déconfinées immédiatement, ou pas totalement. L’ONI soutient la décision du Gouvernement de rouvrir les visites en Ehpad, toutefois de manière très encadrée. Ainsi l’Ordre préconise la présence d’un infirmier, de jour comme de nuit, dans tous les Ehpad, pendant cette période et propose de mettre en oeuvre les mesures suivantes :

- tout visiteur doit être reçu par un infirmier qui s’assure qu’il ne présente pas de symptômes cliniques Covid (température, toux) ;

- le port du masque doit être rendu obligatoire lors de ces visites (un visiteur à la fois, une fois par jour maximum) ;

- l’intervention des HAD (Hospitalisation à domicile) ou d’infirmiers libéraux en Ehpad doit être facilitée dans le cadre de cette aide au déconfinement.

"Pour que nos efforts de ces dernières semaines ne soient pas réduits à néant, il faut impérativement mettre en oeuvre des mesures très opérationnelles pour limiter au maximum la circulation du virus et permettre une prise en charge optimale de toutes les autres maladies. Le rôle des infirmiers sera central dans ce dispositif. Nous serons particulièrement vigilants à ce qu’ils puissent exercer en toute sécurité" Patrick Chamboredon, Président de l’ONI

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern