Faire le choix du travail de nuit…

Les postes de nuit proposés aujourd’hui aux soignants ne manquent pas. Alors oui, certes, l’atmosphère hospitalière n’est pas des plus optimiste mais certains d’entre vous vont passer outre et tenter l’expérience. Pour tenir le rythme, ces quelques conseils vous permettront de préserver santé et vie sociale.

Quid de la législation…

Travail de nuitRappelons que la durée annuelle de travail effectif d'un agent de la fonction publique hospitalière (FPH) qui travaille exclusivement de nuit est fixée à 1 476 heures (1 607 heures par an pour un travail de jour). De fait, vous travaillez exclusivement de nuit si vous effectuez au moins 90 % de votre temps de travail annuel entre 21 heures et 6 heures, ou pendant 9 heures consécutives entre 21 heures et 7 heures.

Évoquons immédiatement la rémunération qui, hélas, n’est pas vraiment un argument pour convaincre et ce, même après les récentes annonces d’Élisabeth Borne, Première Ministre…

En effet, dans la FPH, la prime de nuit « s'élevait » à 1,07 € par heure, brut. Et encore : seulement pour les heures travaillées entre 21h et 6h du matin c'est-à-dire qu'elle ne s'appliquait pas aux heures travaillées entre 20h et 21h ou entre 6h et 7h. Elle atteignait donc au maximum 9,63 € brut par nuit. Pour 10 nuits, le maximum autorisé pour un mois, le « plus » pour le soignant était donc de 96 € brut. Cette somme jugée insuffisante depuis des années attendait, gouvernement après gouvernement, un coup de pouce bien légitime. Suite aux propositions de la « mission flash » censée désengorger les urgences – mission pilotée par le Dr François Braun, chef du pôle urgences à l’hôpital de Metz-Thionville, président de l’association Samu-Urgence de France et aujourd’hui ministre de la santé en remplacement de Brigitte Bourguignon -, le gouvernement a décidé que cette prime de nuit sera doublée, de façon expérimentale pour une durée de trois mois, passant à 2,08 € brut par nuit. Reste à savoir si dans le privé, cette somme pourra également être appliquée selon les conventions en cours.

" Un planning de nuit plus régulier, des horaires qui permettent notamment de s’occuper des enfants, d’aller les chercher à l’école, d’être avec eux jusqu’au coucher… "

S’adapter aux horaires décalés et prévenir leurs effets sur sa santé…

Le travail de nuit présente certains avantages, d’autant pour un jeune soignant. En effet, son autonomie est plus importante et, dans le meilleur des cas, les relations professionnelles et personnelles tissées avec ses collègues plus approfondies car les équipes sont plus resserrées. En Ehpad, par exemple, la responsabilité de l’infirmier(e) est souvent majorée la nuit lorsqu'un imprévu survient chez un patient, tandis qu'il n'y a plus de médecin dans le service. Ces situations, si elles sont bien vécues par le soignant, favorisent la confiance par l’expérience. L’école de la vie, pour les plus téméraires alors que certains préfèrent déserter !

Mieux tolérer le travail en horaires décalés :
- adopter un rythme de vie régulier ;
- adapter son alimentation ;
- dormir suffisamment et dans de bonnes conditions.

Cependant, le travail de nuit suppose des capacités individuelles à tolérer un rythme contraire à la nature humaine ou tout du moins une certaine adaptation aux horaires décalés. Pour ce faire, des règles comportementales d’hygiène de vie qui concernent à la fois le sommeil, l’alimentation et l’activité physique sont à privilégier afin de ne pas voir s’installer des effets délétères sur la santé du soignant.

Concernant le sommeil, il est indispensable de disposer d’un endroit calme pour dormir pendant la journée et de mettre en place une « routine de sommeil » :

- éviter de commencer une activité en rentrant chez soi ;

- se coucher dès que possible, après un petit-déjeuner sans prise d’excitants ou de boissons énergisantes ;

- prendre une douche fraîche ;

- se conditionner comme pour la nuit : pièce noire, calme, tempérée... ;

- éviter la prise de somnifères, d’autant si elle est répétée, car elle entraîne un sommeil de mauvaise qualité ;

- dormir de 5 à 7 heures d’affilée et si le temps de sommeil est insuffisant, faire une sieste longue (un cycle, soit 90 min environ) dans l'après-midi.

Pour mieux profiter de ses jours de repos, et ne pas subir coups de barre ou difficultés d’endormissement, la pratique d’une activité physique régulière (1/2 heure par jour, tous les jours), tournée vers l’endurance et d’intensité modérée, est conseillée (marche à pied, vélo…), de préférence en extérieur, afin de profiter de l’exposition à la lumière du jour. L’apport de la relaxation, de la méditation est également jugé bénéfique sur la qualité de vie du soignant en horaires atypiques.

D’un point de vue alimentaire, garder un rythme normal de repas en famille ou entre amis est important les jours de repos. Manger lentement, boire de l’eau régulièrement évitera la prise de poids. Lors de la garde de nuit, la collation prise entre 2 et 4 heures du matin, riche en sucres lents, évitera le grignotage. De façon générale, privilégiez les fruits qui vous apportent de l’énergie, les produits laitiers qui contiennent des protéines vous aidant à vous maintenir éveillé ou encore du jambon ou poulet accompagné de pain.

" De la nécessité d’adapter son alimentation pour éviter les baisses d’énergie, mais aussi pour la qualité du sommeil, pour le moral et pour éviter les prises de poids typiques des rythmes décalés… "

Dernier conseil, le travail de nuit expose à la somnolence et à une baisse de la vigilance. Attention, si vous avez de la route à faire en rentrant de votre garde de nuit. Vous êtes précieux aux autres alors sachez prendre soin de vous !

Pour aller plus loin

Vous travaillez en horaires décalés : Travail posté ? Ou Travail de nuit ? Pole Sante Travail
Actes du Colloque Prévention des risques liés au travail de nuitINRS, 11 mars 2021
Le travail de nuit et le travail posté - Quels effets ? Quelle prévention ? INRS, février 2022

Bernadette Gonguet