Le portrait de Guillaume : infirmier libéral à la campagne

Interview Guillaume infirmier libéral

 

- Pouvez-vous vous présenter et nous décrire votre parcours scolaire et professionnel ?

Je m’appelle Guillaume, j’ai 27 ans et je suis infirmier libéral dans une maison de santé, en association avec 5 autres infirmiers.

En ce qui concerne mon parcours scolaire : j’ai un bac scientifique.

Lorsque je réfléchissais à mon futur métier, je savais que je voulais réaliser du soin, j’étais très intéressé par le métier d’infirmier libéral par rapport à sa structure d’exercice et pour la technicité des soins qu’on y retrouve.

Pour ce qui est de mon parcours professionnel : une fois le diplôme infirmier obtenu en 2018, j’ai exercé pendant 24 mois dans une clinique avant de m’installer.

C’est la particularité du métier d’infirmier libéral :  on ne peut pas s’installer directement en sortant du diplôme. Il faut obligatoirement travailler en milieu hospitalier pendant minimum 24 mois. On peut aussi faire des remplacements en libéral après 18 mois travaillés en secteur hospitalier, puis il faut 24 mois en tant que remplaçant pour pouvoir s’installer.

 

- En quoi consiste votre métier actuel ?

L’infirmier libéral, c’est vulgairement « l’infirmier à domicile ». On réalise tous les soins à domicile.

Au niveau des spécificités de notre métier, il y a le statut d’entrepreneur individuel, c’est-à-dire qu’on est chef de notre propre entreprise même si c’est toujours un peu tabou d’en parler quand on est dans les soins. C’est vraiment important de prendre cela en compte : même si nous avons un métier du soin, nous sommes rémunérés à l’acte et avons tout un travail de cotation et de facturation à faire en parallèle, en prenant en compte également les cotisations inhérentes au statut d’entrepreneur individuel : Urssaf, régime obligatoire, etc…

Il y a aussi des particularités de prise en charge. On a des prises en charge « classiques » avec l’ordonnance d’un médecin qui nous demande de réaliser un acte précis (prise de sang, nutrition parentérale, pansement…) et on a aussi les prises en charge HAD (Hospitalisation A Domicile). C’est un peu la mouvance du moment : on s’est rendus compte qu’au niveau du soin à domicile, il y avait pas mal de choses qu’on pouvait transporter de l’hôpital à la maison comme la prise en charge des pansements par pression négative ou encore la fin de vie.

Sur notre cabinet, on a énormément de demandes sur les soins techniques. On est en zone rurale avec un secteur qui est assez important : on roule jusqu’à 270km par jour sur nos tournées !

 

- Qu'est-ce qui vous plait le plus dans votre métier, qu'est-ce qui vous a donné envie de le faire ?

Ce que j’aime, c’est la diversité de notre métier. Contrairement aux préjugés qui disent qu’il est très redondant, qu’on fait toujours les mêmes soins, etc… C’est faux, parce que finalement on se rend compte qu’on a certes une petite routine (comme dans tous les métiers d’ailleurs) parce qu’on a beaucoup de patients chroniques, mais on a aussi beaucoup d’entrées et de sorties sur une année. J’ai toujours des soins qui sont différents et des patients de tous les âges (ma patiente la plus âgée a 103 ans et le plus jeune a 4 mois !), moi c’est ce qui me plaît.


Je suis devenu infirmier parce que je voulais un métier qui avait du sens. Rendre service, oui, mais en plus faire des soins techniques. Ce qui j’aime particulièrement en travaillant à domicile, c’est la relation soignant-soigné qui est particulière. En effet, le soignant entre dans l’intimité du patient, contrairement à l’hôpital où le patient est sorti de son milieu de vie, mis dans un lit et propulsé dans l’univers du soignant.  

Ce que j’apprécie aussi, c’est de pouvoir m’organiser. J’ai la chance d’avoir énormément de soins différents que je peux organiser dans ma journée comme je l’entend. Bien sûr, j’ai aussi de la place pour l’imprévu car, ne l’oublions pas, nous travaillons avec de l’humain !

 

- Décrivez-nous l'un des meilleurs moments dans votre métier ?

Je dirais que les meilleurs moments sont les moments partagés avec les patients. Je pense surtout au rire parce qu’on a des patients qui sont sympathiques et chaleureux. C’est ce qui se ressent au niveau de notre patientèle.

Il y a aussi bien sûr la satisfaction du travail accompli comme par exemple voir une plaie évoluer dans le bon sens ou alors la satisfaction des familles qui nous remercient pour les bons soins apportés à leurs proches en fin de vie dans une situation incurable.

 

- Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à une personne qui souhaite devenir infirmier et plus particulièrement infirmier libéral ?

Le meilleur conseil que je puisse donner, c’est de bien faire ses armes en milieu hospitalier afin de pratiquer le plus de soins possibles et d’avoir le plus de connaissances possibles. Il ne faut pas oublier qu’au domicile, on se retrouve seul avec les patients.

Je conseille de bien réfléchir, d’aller voir les professionnels déjà en poste pour comprendre le secteur et commencer par des remplacements pour être sûr que cela vous convient avant de sauter le pas et de s’installer définitivement. Ce qui est sûr, c’est que si c’était à refaire, je le referais sans aucune hésitation !

 

- Où est-ce que vous vous voyez dans 10 ans ?

Je me vois toujours infirmier libéral, c’est quelque chose qui me plaît. Je n’ai pas l’impression de travailler quand je prends ma voiture le matin, je pense que c’est un luxe. Le travail n’est pas une contrainte pour moi et ça, je pense que c’est un des plus gros avantages que j’ai dans ce métier.

 

*Photo d'illustration

Clémentine Thieblemont