Attractivité de l’hôpital - Des revalorisations pour le travail de nuit et la pénibilité

Travail de nuitFin août, la Première ministre a annoncé plusieurs mesures en vue d’améliorer les conditions de travail des acteurs de la santé et, plus globalement, l’attractivité de l’hôpital. Travail de nuit, dimanches et jours fériés, gardes, astreintes…, les sujétions de service public ont notamment été revalorisées pour un montant d’1,1 milliard d’euros en année pleine.

En déplacement au CHU de Rouen, Élisabeth Borne, accompagnée d’Aurélien Rousseau, nouveau ministre de la Santé et de la Prévention, et d’Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, a annoncé le 31 août dernier de nouvelles mesures pour l’amélioration de l’accès aux soins et des conditions de travail des soignants.

Revalorisations des sujétions

Travailler de nuit – quelque 72 000 professionnels travaillent la nuit à l’hôpital selon le ministre de la Santé – sera ainsi, à partir de janvier prochain, rémunéré 25% de plus que le jour pour les personnels paramédicaux (indemnité de 2 euros/heure). Pour le travail du dimanche et les jours fériés, l’indemnité actuelle sera majorée de 20%, soit une indemnité portée à 60 euros. À noter l’application de ces mesures de revalorisation aux Ehpad publics de la Fonction publique hospitalière (FPH) ainsi qu’aux hôpitaux privés non lucratifs.

Pour les médecins spécifiquement, la revalorisation de 50% des gardes est pérennisée et élargie au secteur privé. Quant à la rémunération des astreintes pour les praticiens hospitaliers, elle sera revue pour permettre un alignement par le haut sur le système qui existe dans le secteur privé.

Pour rappel, les mesures de revalorisation du travail de nuit pour les paramédicaux et des gardes pour les médecins, issues de la mission flash sur les urgences de l’été 2022, provisoires et prolongées depuis, se voient donc pérennisées.

Ces revalorisations seront inscrites dans le prochain Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024.

Attractivité et fidélisation

Outre les mesures de revalorisation annoncées, la Première ministre a également rappelé que « l’attractivité de l’hôpital passe aussi par une modernisation de son organisation et des conditions de travail ainsi que par plus de proximité dans les prises de décision du quotidien. À cet effet, la cheffe du gouvernement a demandé aux ministres d’intensifier le travail pour attirer et fidéliser sur les métiers de la santé et du soin. »

Réactions

Suite aux annonces d’Élisabeth Borne et d’Aurélien Rousseau, la Fédération hospitalière de France (FHF) s’est félicitée « de ce signe fort adressé aux soignants de l’hôpital public ». Toutefois, elle a estimé que « même si [elles] y contribuent », « ces mesures ne suffiront pas à elles seules à répondre aux enjeux d’attractivité et de fidélisation à l’hôpital, qui demeurent l’enjeu prioritaire pour le système santé ». Surtout, la FHF « sera particulièrement vigilante quant au financement intégral de ces mesures dans un contexte budgétaire très difficile pour les établissements ». Les syndicats n’ont pas manqué également de réagir : « Chaque jour, on a la vie des patients entre nos mains, on peut être payés correctement et pas simplement avoir une petite aumône par-ci par-là. Nous devons être payés à hauteur de nos compétences et responsabilités » a souligné Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) sur le réseau social X. Et de s’insurger : « 9 euros de plus le WE. Cela ne va pas retenir les collègues qui en ont marre de travailler en sous-effectif, d’être sous-payés et de la maltraitance institutionnelle » défendant ainsi « l’instauration d’un ratio de patients par infirmier ». « Le vrai problème, ce sont les conditions infernales dans lesquelles on travaille » demandant, entre autres, « une hausse du salaire ». Quant à la CFDT Santé-sociaux, celle-ci a jugé que, sur la forme, ces revalorisations « auraient dû se faire dans le cadre de la concertation ». Or il n’en a rien été puisque « seul un groupe de travail s’est tenu en trois ans et aucune réponse du ministère n’a été faite [à ses] propositions » et ce, alors même que « l’accord Ségur de 2020 prévoyait une revalorisation des indemnités d’heures de nuit et de dimanche ». Sur le fond, l’organisation syndicale a considéré que pour les dimanches et jours fériés « le compte n’y [était] pas » arguant que « les 20 % d’augmentation annoncés représentent 10 € donc un forfait qui passe à 59,42 € ! », soit « une prime inférieure à 100 € [qui] n’est pas acceptable ». Quant aux heures de nuit, elle a observé que si « certain(e)s peuvent espérer 300 euros, cela ne sera pas le cas de tout le monde » cela dépendant de l’indice de l’agent (les revalorisations oscillent entre 1,87 à 5,04 €).

Et la CFDT Santé-sociaux de rappeler que « l’augmentation de ces indemnités ne dispense pas de travailler sur la pénibilité du travail de nuit, des dimanches et fériés », laquelle réclame notamment un « droit au repos compensateur pour les horaires atypiques ».

Valérie Hedef