Snoopy : un chien pas comme les autres !

Depuis quelques mois maintenant, l’Institut Curie, établissement parisien de lutte et de recherche contre le cancer, accueille en son sein, Snoopy, un setter anglais âgé de deux ans. Une nouvelle « recrue » pour un projet innovant de médiation canine à visée d’accompagnement des soignants et des patients.

Chien de médiation de l'Institut CurieIl a commencé son « adaptation » en décembre dernier, tout juste sorti de la SPA de Pornic, en Loire Atlantique. Son arrivée à l’institut Curie, n’est pas passée inaperçue. Quoi de plus étonnant, en effet, que de voir un chien arpenter les couloirs de l’établissement accompagné de soignants. Il retient immédiatement l’attention : la truffe humide, l’œil vif, les oreilles tombantes et le poil en bataille, il n’est pas là « juste pour le plaisir ». C’est une recrue à part entière avec, comme ses collègues, un badge, un planning, un panier de repos et, en guise de blouse, un harnais qui indique « Ne pas toucher sans autorisation ». Il dispose même d’une adresse mail !

« Le setter anglais : un chien doux, affectueux, joueur, adaptable »

L’adoption de Snoopy par l’Institut Curie s’inscrit dans le cadre d’une étude baptisée M-KDOG chargée d’évaluer le bénéfice de la présence d’un chien de médiation dans le cadre hospitalier. Cette étude sera réalisée auprès de trois équipes de l’Institut : l’équipe de l’hôpital de jour en oncologie médicale, l’équipe des soins de support et l’équipe d’hospitalisation en oncologie médicale. Elle permettra d’analyser le sentiment de bien-être au travail immédiat des soignants en contact avec le chien et d’évaluer les effets de la présence de Snoopy sur la communication, le stress et l’anxiété des patients et de leur famille, perçue par les soignants. Le rôle des chiens de médiation est en effet aujourd’hui documenté* : liens sociaux renforcés, plans cognitif, émotionnel, social, sensoriel, psychomoteur stimulés. Dans une unité de soin, la présence apaisante d’un chien de médiation s’apparente à une approche des soins non-médicamenteuse, en complément des soins traditionnels.

« Dans le parcours d’une personne malade, réduire le stress et l’anxiété est essentiel et bénéfique pour sa prise en charge. »

Des missions à mener et des compétences à acquérir

Vecteur de bien-être, Snoopy s’est vite adapté à son nouvel environnement. Sa présence est devenue incontournable pour tous. Mieux que tout autre, il sait détendre les patients en salle d’attente, comme en consultation. Une visite à un malade une demi-heure avant un soin très anxiogène par exemple, s’avère en effet bénéfique pour faire « tomber la pression », penser à autre chose dans un lieu marqué par le cancer, redonner une sorte d’humanité. Pour ce faire, Snoopy apprend car il doit acquérir des compétences spécifiques : s’allonger devant un patient, mettre sa truffe dans sa main si celui-ci la tend, ne pas monter sur le lit, attendre la caresse. Pour des questions d’hygiène et de sécurité, Snoopy n’est pas habilité à entrer dans les salles de soins ou dans les espaces accueillant des patients vulnérables. Concernant le personnel soignant, en salle de pause, sa présence vise à alléger la charge émotionnelle, leur apporter une respiration apaisante au quotidien. Snoopy agit comme une véritable mascotte !

« Pour les soignants, Snoopy est un levier essentiel pour alléger le poids des journées et la charge émotionnelle »

Un chien « en garde alternée »

A l’Institut Curie, Snoopy est accompagné au quotidien par les membres de l’unité Recherche Plaies et cicatrisation sous la direction d’Isabelle Fromantin, infirmière et docteure en Sciences, avec sa référente, Marguerite Nicodème, infirmière en pratique avancée ; une équipe formée (1) qui veille à son bien-être et à sa bonne santé. Dans cette perspective, les jardins de l’Institut permettent à Snoopy de prendre des pauses durant sa journée « de travail » et se dégourdir les pattes. Quant aux croquettes, elles visent à son bon équilibre diététique. Enfin, Snoopy ne dort pas à l’hôpital, il est en « garde alternée », la nuit et le week-end chez quatre soignants de l’unité ; un exemple de plus de son adaptabilité. Précisions d’importance, l’intégration de l’animal est également suivie par trois spécialistes : le Pr Caroline Gilbert, vétérinaire-éthologue à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort, Cynthia Engels, ergothérapeute et Aurélie Nuzillard, éducatrice canine.

Le Pr Steven Le Gouill, Directeur de l’Ensemble Hospitalier, espère que les résultats de cette étude innovante menée à l’Institut Curie seront positifs et bénéfiques pour les patients et les soignants afin d’inciter d’autres structures à s’engager dans cette voie. » 

Consultations, interactions avec patients et soignants, promenades... Découvrez en vidéo le quotidien de Snoopy, le chien de médiation de l'Institut Curie, avec l'éclairage notamment d'Isabelle Fromantin, responsable de l'unité à l'origine du projet

1- Attestation de Connaissances pour Animaux de Compagnie d’Espèces Domestiques (ACACED)

*Références bibliographiques

- Jensen CL et al. The effects of facility dogs on burnout, job-related well-being, and mental health in pediatric hospital professionals. J Clin Nurs. 2021 May;30(9-10):1429- 1441
- Maurice C, Engels C, Canouï-Poitrine F, Lemogne C, Fromantin I, Poitrine E. Dog ownership and mental health among community-dwelling older adults: A systematic review. Int J Geriatr Psychiatry. 2022 Nov;37(11)
-  Ginex P.et al. Animal-Facilitated Therapy Program : Outcomes from caring canines, a program for patients and staff on an in patient Surgical oncology unit, CJON 2018, 22(2), 193-198
- Mueller et al. Human-animal interaction as a social determinant of health: descriptive findings from the health and retirement study. BMC Public Health (2018). doi:10.1186/s12889-018-5188-0
Crédits photos – Institut Curie, Paris.

Bernadette Gonguet