Valeur-ajoutée de l'infirmière référente "plaies" en centre de lutte contre le cancer

Le Centre Léon Bérard (CLB), à Lyon, dispose depuis plusieurs années d’une infirmière référente "plaies et cicatrisation" au sein du département interdisciplinaire de soins de support pour le patient en oncologie (DISSPO). Son expertise favorise un bon suivi des patients présentant des plaies complexes mais également une aide et un conseil aux équipes soignantes au sein de l'établissement mais également en secteur libéral.

Valeur-ajoutée de l'infirmière référente "plaies" en centre de lutte contre le cancer

L'infirmière intervient auprès des patients porteurs de plaie complexe, le plus souvent à la demande des équipes médicales ou paramédicales concernant une plaie complexe ou présentant un retard de cicatrisation. Pour les patients hospitalisés, elle intervient en binôme avec l'infirmière en charge de patient, ce qui lui permet d'analyser la situation, de comprendre le contexte de la maladie, les traitements en cours et de rechercher des facteurs agravants. Elle peut également être contactée par les infirmiers libéraux, qui ont en charge des patients suivis au CLB et qui rencontrent des difficultés quant à la prise en charge de plaies complexes à domicile. Selon le besoin, l'infirmière peut solliciter l'équipe de dermatologie ou un chirurgien plasticien.

Concernant les plaies, la prévention est essentielle. Le patient est d’autant plus à risque d’escarre à cause de la maladie cancéreuse, de la fatigue, des effets secondaires des traitements. Il est donc nécessaire de renforcer les mesures préventives, explique l'infirmière référente, Charlène Bigeard.

Les principales missions de l'infirmière référente au CLB

L'infirmière a avant tout une mission de conseils et d’informations auprès des équipes soignantes et des patients. Son rôle, en tant qu’infirmière référente dans l’établissement, est de connaître et proposer des stratégies de prise en charge adaptées permettant, selon les cas, de favoriser la cicatrisation et d’améliorer la qualité de vie des patients porteurs de plaies. En ce sens, elle a aussi une mission d’enseignement, sur des temps dédiés de formations, ce qui permet de sensibiliser les équipes soignantes au développement des mesures préventives. Il est primordial de repérer et d’évaluer, le plus tôt possible, les risques de développer une plaie chronique (escarre) qui peut, parfois, compromettre le traitement anti-cancéreux. Il faut garder en tête que pour les plaies non cancéreuses, continuer la chimiothérapie - et donc mettre les patients en aplasie (diminution de la production de cellule sanguine entraînant une diminution des défenses immunitaires) - va rendre la cicatrisation difficile. On peut alors être malheureusement obligé d’arrêter temporairement les traitements contre le cancer du patient pour éviter qu’une plaie ne se surinfecte. Elle assure également, s’il y a lieu, les suivis, en consultation ambulatoire infirmière ou lors d’hospitalisation, notamment lors de la venue des patients en hôpital de jour pour l’administration de leur traitement.

Outre le geste technique, le soin d’une plaie complexe est aussi un moment où le patient peut exprimer ses émotions, ses difficultés, ses incompréhensions, ses craintes ou ses inconforts. C’est aussi un temps de conseils et parfois d’éducation thérapeutique qui permet de rendre le patient acteur de sa prise en charge. Il est important de prendre le temps de se poser pour expliquer ce qui se passe, affirme la soignante sur sa relation avec ces patients.

Quelles évolutions se mettent en place sur ce sujet spécifique ?

Les progrès médicaux et chirurgicaux, l’arrivée de nouvelles thérapeutiques anti-cancéreuses, le diagnostic précoce et le renforcement du suivi ont un impact positif considérable sur la prise en charge des plaies d’origine tumorale. La plaie cancéreuse étant le reflet extérieur de la maladie cancéreuse, les pansements mis en place n’auront pas pour objectif de permettre la cicatrisation mais de prendre en charge les symptômes gênants, douloureux ou invalidants la vie quotidienne.

Les plaies cancéreuses ne fonctionnent pas pareils que les autres. Ce sont, en général des cancers du sein ou ORL qui s’extériorisent sur la peau. Ainsi, l’évolution de la plaie dépendra des traitements et de leurs effets. Les pansements sont là pour parer aux symptômes et rendre la vie quotidienne du patient la plus confortable possible, concède Charlène Bigeard, référente plaies cancéreuses .

Le développement de nouvelles techniques favorisant la cicatrisation, notamment la thérapie par pression négative qui consiste à placer sur une plaie un pansement spécial qui va induire une pression inférieure à la pression atmosphérique et accélérer la cicatrisation, a permis également d’améliorer la prise en charge de certaines plaies chroniques, tels que les escarres, ulcères ou plaies du pied diabétique.

Cet article a été publié sur le site du Centre Léon Bérard et a été enrichi par la rédaction d'Infirmiers.com. Merci pour cette collaboration