Où en est la démographie médicale ?

Au 1er janvier 2015, la France totalisait 215 539 médecins en activité, soit seulement 8 de plus qu'au 1er janvier 2014, observe le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) dans son neuvième atlas de la démographie médicale publié le 16 juin dernier. (Cnom) dans son neuvième atlas de la démographie médicale publié le 16 juin dernier. Un nombre qui reste relativement stable tandis que la désertification médicale s'étend de plus en plus.

Si la France n'a jamais compté autant de médecins, les territoires se vident, sous l'influence de nouvelles générations qui ne souhaitent plus exercer comme leurs aînés et veulent mieux concilier vie professionnelle et vie privée. L'ordre balaie l'argument d'un numerus clausus trop restreint, notant qu'il a triplé depuis une dizaine d'années pour atteindre 7 497 places, mais souligne que 25% des diplômés choisissent d'autres professions que le soin. Il évacue également l'idée reçue selon laquelle la féminisation de la profession serait responsable de la désertification, notant que parmi les jeunes médecins de moins de 40 ans qualifiés en médecine générale, 60% sont des femmes ayant fait le choix d'exercer en secteur libéral ou mixte.

démographie médicale en France

L'ordre note par ailleurs que si l'exercice libéral est boudé par les jeunes générations, ils ne s'en détournent pas totalement : 15% des jeunes inscrits choisissent cet exercice après leur inscription à l'ordre, mais 40% s'y orientent cinq ans plus tard. Il souligne que les territoires menacés de désertification pour les soins de premier recours ne sont pas toujours situés en zone rurale, mais aussi dans les métropoles, comme Paris, ainsi que dans des villes moyennes comme Châteauroux.

La désertification touche également les métropoles telles que Paris.

+1,7% de médecins inscrits au tableau

Au 1er janvier l'ordre recensait 281 087 médecins inscrits au tableau, soit 1,7% de plus qu'en 2014. Parmi eux, 65 548 étaient retraités (+7,8%) dont 14 665 en cumul emploi-retraite (+13,3%). Rappelons qu'au cours de l’année 2014, 6 130 médecins ont fait valoir leur droit à la retraite. Plus d’un médecin sur deux a conservé une activité. 81,8% de ces médecins « sortants » exerçaient leur qualification en secteur libéral, 8,7% dans une structure hospitalière et 9,5% en tant que médecin salarié.

Le nombre de praticiens en "activité régulière", déterminée sur un critère de stabilité de la résidence, s'élevait à 198 365 début 2015  (-0,2%) et devrait encore baisser de 0,3% d'ici 2025, selon les projections de l'ordre.

démographie médicale en France

Par ailleurs, parmi les 198 365 médecins en activité régulière en France (dont 45% de femmes), on recense :  

  • 88 750 médecins libéraux exclusifs ;
  • 87 410 médecins salariés dont 65,4% d’hospitaliers ;
  • 22 079 médecins ont un exercice mixte dont 67,4% de libéraux-hospitaliers ;
  • 13 médecins n’ont pas d’exercice déclaré ;
  • 113 médecins ayant d’autres activités, salariées ou libérales (catégorie « divers »).

démographie médicale en France

Entre 2006 et 2015, la profession a enregistré une hausse de 75,1% de ses effectifs alors que les actifs n'ont progressé que de 1,2% sur la même période. Depuis 1979, le nombre de médecins est passé de 118 842 à 281 087, soit une augmentation de 136,5%, intégrant une progression de 92,3% pour les praticiens actifs mais 867,4% pour les retraités. L'âge moyen des 198 365 médecins en activité régulière s'élève à 51,5 ans. Parmi ces effectifs, 45% sont des femmes. L'âge moyen est de 53 ans pour les hommes et de 49 ans pour les femmes. Les médecins âgés de 60 ans et plus représentent 26,4% des effectifs contre 17,4% pour les moins de 40 ans.

démographie médicale en France

La part des libéraux exclusifs a baissé, passant de 45,6% à 44,7% (88 750). Celle des salariés exclusifs est passée de 43,6% à 44,1% (87 410 médecins, dont 65,4% d'hospitaliers). La proportion d'exercice mixte a progressé de 0,3 point, passant à 11,1% soit 22 079 médecins. Cette répartition favorisant l'exercice salarié devrait se confirmer d'ici à 2020, selon les projections de l'ordre qui table sur un exercice salarié à 45%, un exercice libéral à 43% et un exercice mixte à 12%. Le Cnom a recensé 7 525 médecins nouveaux inscrits en 2014 (+8,4%), dont 75,9% titulaires d'un diplôme français. Leur moyenne d'âge s'élevait à 34 ans (33 ans pour les femmes, 36 ans pour les hommes). Les femmes représentent 58% des nouveaux inscrits. Parmi eux, 61,6% font le choix de l'exercice salarié (­1,8 point par rapport à 2013), 20,3% celui d'être remplaçant (­2,5 points), 11,8% optent pour l'exercice libéral (+1,1 point) et 3,6% pour un exercice mixte (+0,5 point).

Le nombre de médecins libéraux exclusifs a baissé, passant de 45,6% à 44,7%.

Érosion continue de la densité médicale

Au 1er janvier, la densité médicale s'établissait en métropole à 281,4 praticiens pour 100 000 habitants contre 297,8 début 2014. La plus faible densité revient à la Picardie (230,9 médecins pour 100 000 habitants), et la plus forte à la région Paca (352 médecins pour 100 000 habitants). L'Atlas 2015 prend en compte la création des nouvelles régions métropolitaines au 1er janvier 2016, et fournit les données démographiques en conséquence. La densité est ainsi jugée forte dans trois régions (Aquitaine, Limousin et Poitou Charentes, Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine, Languedoc Roussillon et Midi Pyrénées), moyenne dans six régions (Auvergne et Rhône-Alpes, Bourgogne et Franche Comté, Île de France, Basse et Haute Normandie, Paca) et faible dans quatre autres (Bretagne, Centre/Val de Loire, Corse, Pays de la Loire). Les disparités et écarts de variation sont plus marqués au niveau départemental. Si la Nièvre a enregistré la plus forte baisse (192,5 médecins pour 100 000 contre 233,9 pour 100 000 en 2007), la Loire-Atlantique a connu la hausse la plus marquée (306,3 médecins pour 100 000 contre 280,3 médecins pour 100 000 en 2007). Paris reste le premier département en termes de densité avec 678,2 médecins pour 100 000 habitants en 2015. Enfin, l’Eure conserve sa première place de département ayant la plus faible densité médicale. Seuls 167 médecins sont recensés pour 100 000 habitants.

Rédaction d'infirmiers.com avec APM